Friday, April 3, 2009

La politique extérieure de la France ( 1945-2003)

La politique extérieure de la France ( 1945-2003)

Problématique : Comment évolue la politique extérieure française ? Existe-t-il des constantes dans la diplomatie ? Quels sont les thèmes du positionnement de la France dans les relations internationales ?
I 1945 –1958 : De l’empire à l’Europe. Dissoudre l’empire colonial et construire l’Europe. La France cherche à se maintenir parmi les grandes puissances.
a) La construction de l’Europe, l’occasion d’un rapprochement avec l’Allemagne.
Au sortir de la Guerre, la France participe à l’occupation de l’Allemagne. Elle adopte alors une politique intransigeante vis à vis de l’Allemagne. Mais dès 1948, la France se retrouve, malgré ses réticences, dans l’obligation de participer avec les E-U et le R-U à ce qui a constitué l’embryon de la RFA : La trizone. En 1950, le ministre des affaires étrangères français Robert Schuman et Jean Monnet, réalisent une déclaration où ils envisagent la création d’une fédération européenne et où ils annoncent la mise en commun des productions d’acier et de charbon de plusieurs pays européens dont la France et l’Allemagne. C’est la CECA ( Communauté européenne du Charbon et de l’Acier) née en 1951 qui se profile ici (Allemagne, Belgique, Italie, France, Luxembourg, Pays-Bas. Côté allemand, ce rapprochement doit beaucoup à la volonté du chancelier Konrad Adenauer. ( Chancelier de 1949 à 1963 ). Si la France, accepte cette coopération dans le domaine économique, son Assemblée Nationale rejette par contre en 1954, le projet de CED ( Communauté européenne de Défense. Pour résumer, beaucoup de députés craignent la remise en cause dans ce domaine de la souveraineté française. Ce contretemps appelé à durer finalement ( on s’en rend compte aujourd’hui) ne remet pourtant pas en cause le rapprochement Franco-allemand. En effet en 1954, la France reconnaît la souveraineté totale de l’Allemagne. La construction d’une organisation économique se poursuit en Europe. En 1957, le traité de Rome établit un marché commun associant les 6 pays participant déjà à la CECA.
Conclusion : La France a donc un rôle majeur dans la construction européenne. Cette construction participe à l’établissement d’une paix durable entre la France et l’Allemagne.
b) Les relations avec les deux grands.
Pendant cette période, l’enjeu pour la France est de s’affirmer face aux deux grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale. Elle y parvient partiellement, Winston Churchill contribue à la faire accepter parmi les puissances occupantes de l’Allemagne. La France obtient également un siège au conseil de sécurité de l’ONU.
La France fait partie des puissances occidentales ( Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni, Danemark, Islande, Italie, Norvège, Portugal, E-U et Canada) qui s’inquiètent de la progression du communisme en Europe et dans le monde. Elle signe en 1949, le traité de Washington qui donne naissance à l’Alliance Atlantique. Pour la période, il faut tenir compte de l’adhésion à l’OTAN également de la Grèce et de la Turquie (1952) et de l’Allemagne en 1955.
Les limites de la puissance française apparaissent cependant à l’occasion de la crise de Suez en octobre 56. En effet, la France comme le Royaume-Uni sont à cette occasion confrontés à la double opposition des Etats-Unis et de l’URSS qui les oblige à se retirer d’Egypte à la suite de leur opération « mousquetaire ».
c) Les conséquences sur la politique étrangère française du déchirement colonial.
Dans la crise de Suez, le contexte colonial, n’est pas à négliger. En effet, la France est engagée de puis 1946, dans des conflits coloniaux. Au total, entre 1946 et 1958, la France connaît 12 ans de conflits coloniaux (Indochine, Algérie, Madagascar). Or sur la question coloniale, la France subit les attaques de l’ONU, des Etats-Unis et de l’URSS. Ce fut notamment, le cas en octobre 56, quand la France capture par un détournement d’avion le leader indépendantiste algérien Ben Bella.
Conclusion : La France parvient à se maintenir dans le concert des nations mais les limites de son rayonnement sont déjà évidentes à l’heure où s’étiole l’empire colonial.
II 1958-1969 : Avec de Gaulle, l’affirmation de la politique d’indépendance nationale.
De Gaulle en tant que président de la 5ème république, mène la politique étrangère de la France. Dans ce domaine, il conserve de ses premières amours politiques et de son engagement dans la guerre, un attachement jaloux à la souveraineté nationale.
a) Les moyens d’une indépendance nationale.
Pour accroître la crédibilité de la France sur la scène internationale Il développe une politique de dissuasion nucléaire. En avril 1960, éclate la première bombe nucléaire Française. Il fait augmenter les crédits accordés à la défense. En 1963, il refuse un projet de force nucléaire multilatérale.
Cette politique d’indépendance passe également par un refus de l’hégémonie américaine. On parle souvent de 1966, mais dès 1959, la France retire ses forces navales méditerranéennes de l’OTAN. Elles seront suivies en 1963, par les forces de l’Atlantique. Enfin en 1966, la France retire l’ensemble de ses forces militaires du commandement intégré de l’OTAN. Les bases de cette organisation sur le territoire français sont d’ailleurs démantelées.
b) Une politique d’équilibre entre les deux grands.
Cette attitude est complétée par une politique d’équilibre entre les deux grands qui n’est pas sans provoquer la colère des Etats-Unis.
Ainsi en 1960, Nikita Khrouchtchev est en visite à Paris. En juin 1966, de Gaulle est à son tour en URSS. Il se rend également en Pologne en 1967 et en Roumanie en 1968. Entre temps en 1964, la France à reconnu la République Populaire de Chine. En 1966, comble des provocations, à Phnom Penh (Cambodge), de Gaulle prononce un discours où il condamne l’intervention américaine au Vietnam.
c) La politique européenne de Gaulle.
En ce qui concerne la construction européenne, de Gaulle est contre une Europe supranationale. Il s’inquiète également de l’influence des Etats-Unis en Europe. C’est pourquoi il s’oppose à l’intégration dans la CEE du Royaume-Uni. Il a certainement en tête cette déclaration faite par Winston Churchill « Sachez que chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ».
De Gaulle, poursuit le rapprochement avec l’Allemagne. Par exemple en janvier 1963, est signé à Paris, un traité de coopération Franco-allemande.
d) La volonté de renforcer l’influence française dans le monde.
La coopération est renforcée. Une part importante du revenu national lui est consacrée. Dans le même ordre d’idée des accords de défense ou d’assistance sont signés avec des Etats africains, anciennes colonies pour la plupart.
De Gaulle soutien également les aspirations nationales. En juillet 1967, il affiche son soutien au mouvement indépendantiste du Québec. Il déclare, en effet, « vive le Québec libre ». Ce discours l’amène d’ailleurs à écourter son séjour au Canada.
Dans les années 60, la politique française devient favorable aux pays arabes. Par exemple, à la suite de la guerre des six jours en 1967, il condamne les annexions israéliennes. A cette occasion, il utilise une expression ambiguë qui continue à susciter de nombreux commentaires. Il déclare, en effet au sujet des israéliens : « un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ».
Conclusion : De Gaulle eu donc deux objectifs majeurs : maintenir pour la France le statut de grande puissance, préserver la souveraineté et l’indépendance nationale.
III Ruptures et continuité dans la politique étrangère française depuis 1969.
Les successeurs de Gaulle poursuivent-ils sa politique ?
a) Georges Pompidou.
Il poursuit de nombreux aspects de la politique Gaullienne. En 1970, il se rend en visite en URSS. En 1971, Léonid Brejnev lui rend la visite. La même année, il réalise une tournée en Afrique. Sous son mandat des armes sont vendues à la Libye. La politique de dissuasion nucléaire est maintenue.
Mais, il est favorable à une accélération de l’élargissement de la CEE.En 1972, les Français répondent positivement au référendum sur le principe d’un élargissement de la CEE au Royaume-Uni. En 1973, la Grande-Bretagne, l‘Islande et le Danemark adhèrent à l’Europe.
b) Valéry Giscard d’Estaing.
VGE maintient le contact avec l’URSS. En 1974, Brejnev est en France. En 1975 VGE se rend en URSS et rendez vous compte, il fleurit la tombe de Lénine. En 1975, il réunit une conférence sur la coopération économique internationale. Il mène également une politique favorable aux pays arabes au moyen-orient. Sous son mandat, l’intégration croissante dans l’Union européenne se poursuit. Ainsi en 1979, a lieu la première élection du parlement européen au suffrage universel.
c) François Mitterrand.
Avec François Mitterrand se poursuit la politique franco-africaine des réseaux héritée en partie de l’ère gaullienne. Mais on assiste sous son mandat à un rapprochement dans les faits avec les Etats-Unis. En 1991, la France participe à la coalition pendant la guerre du Golfe. J-P Chevènement, ministre des affaires étrangères n’accepte pas lui cette attitude et démissionne. Sous son mandat débute la baisse des budgets militaires, les essais nucléaires sont d’ailleurs suspendus, même si la défense française reste basée sur le principe de dissuasion.
d) Jacques Chirac.
Jacques Chirac est un gaulliste, mais durant sont premier mandat, sa politique étrangère n’est pas tout à fait orthodoxe. Certes, il reprend en juin 1995, les essais nucléaires, mais en 1995, la France réintègre l’OTAN. La France s’engage à Nice à contribuer à la mise en place d’un corps d’armée européen (plusieurs dizaines de milliers d’hommes). L’influence de la France recule en Afrique et le couple franco-allemand bat de l’aile. La politique pro-arabe de la France est poursuivie au Proche-orient. Par exemple en 1996 ; Jacques Chirac répond sévèrement à un agent de sécurité israélien qui bousculait des journalistes alors qu’il bavardait avec des palestiniens dans le vieux jérusalem. La visite rendue par Dominique de Villepin à Yasser Arafat s’inscrit dans la même logique. Il faut noter une petite inflexion de la politique étrangère avec Lionel Jospin ; car en 2000. En voyage officiel en Israël, le Premier ministre condamne les " attaques terroristes " du Hezbollah. Les étudiants de l'université de Bir Zeit lui jettent des pierres.
C’est cette année que Jacques Chirac adopte face aux Etats-Unis une posture gaullienne en refusant dans la crise irakienne le recours à la force avant la fin de la mission des inspecteurs de l’ONU. Cette attitude l’amène à se rapprocher de l’Allemagne.
Conclusion : On constate que sous de Gaulle, les pivots de la politique étrangère française sont établis. Malgré tout, sur la longue durée, on observe que l’intégration de la France dans l’Union européenne va croissante. On constate également que la France perd de son influence en Afrique.

No comments: